La Naissance de SHABI
(extrait)
​
Ce jour-là, tout le monde était très perplexe.
Les animaux et les plantes de toutes contrées s’inquiétaient. Rien ni personne ne se sentait tranquille, même dans la Forêt Sereine.
Pour tenter de calmer les esprits, la Forêt avait choisi, dès l’aurore, des couleurs très douces, variations de bleus et mauves, des couleurs tendres qui apaisent mais rien n’y faisait. Une ambiance très particulière régnait depuis les premières lueurs de l’aube et les minutes s’égrenaient sans que rien ne permette de comprendre ce qui arrivait. Les nerfs étaient mis à rude épreuve et beaucoup avaient très peu dormi.
Un son inhabituel venait troubler le silence, régulièrement, beaucoup trop régulièrement. Un son impressionnant en force et en résonance, un son rempli d’émotions, un son qui serrait le cœur pour une raison inexpliquée. Il y avait comme un courant d’air à chaque fois que ce son résonnait, une vague sourde qui submergeait la contrée.
Cela aurait pu être le vent mais seulement voilà, aujourd’hui c’était son jour de repos et même lui s’interrogeait en se demandant qui osait ainsi usurper sa fonction naturelle.
PATOU, le plus jeune des lapins, s’était couché très tôt comme à l’habitude mais le sommeil n’était pas venu. Bougon et fatigué, il vint rejoindre sa maman en se frottant les yeux :
« Maman …
J’en ai marre !
Je n’arrive pas à dormir avec ce bruit !
Je croyais que le vent ne travaillait pas aujourd’hui… »
« Chuuut PATOU,
Tes frères et sœurs dorment encore.
Ce n’est pas le vent… Il se passe quelque chose
mais n’aie pas peur, va te recoucher
Sois patient,
Si tu n’arrives vraiment pas à dormir
Tu feras une sieste. »
Soudain très attentif et moins ronchon, PATOU regarda sa maman avec attention. Sa curiosité en alerte, il en avait les oreilles qui s’agitaient rapidement et il commença à taper de sa patte gauche, signe évident de son impatience :
« Ah oui ???
C’est quoi dis Maman ? dis !!!
C’est quoi le « quelquechose »? »
« Mais je n’en sais rien PATOU !
Calme-toi … tu vas réveiller tout le monde !
Allez zzzouu ! Va te recoucher
et attends, comme nous tous »
Dépité, PATOU arborait à nouveau un air boudeur en repartant dans son lit. Ah çà pour sûr, il ne s’endormirait pas et surveillerait d’un œil, histoire de découvrir ce mystère dont sa mère ne voulait pas lui parler.
​
Sa mère l’embrassa et lui caressa doucement la tête pour l’apaiser. Elle bougea les feuilles près des ouvertures du terrier pour que la lumière ne filtre pas.
« Allez, essaie de te reposer encore un peu
De toute façon, nous serons avertis en temps voulu. »
Le plus curieux était ce calme, un calme surprenant qui s’installait entre chaque rafale, à peine parsemé des chants courageux ou totalement insouciants de certains oiseaux. On entendait presque le silence malgré ce bruit qui, avec certitude, ne venait pas du vent.